La Femme et les personnages féminins chez les Goncourt
L’interrogation du «féminin» chez les frères Goncourt rend inactuelle la catégorie de misogynes sans issue dans laquelle la critique littéraire les a relégués. Cette étude propose une lecture du Journal et des romans visant à faire ressortir la force avec laquelle ils se sont questionnés sur le sujet. La première partie analyse le corps de la femme: la physiologie l’inscrit d’emblée dans le registre du pathologique mais la réappropriation narcissique de l’actrice (La Faustin) offre un bon exemple d’«échappée» à la logique de la prédétermination dégradante. La deuxième partie interroge le vêtement porté par le personnage romanesque. Symbole de la condition sociale, psychologique, affective de la femme, il marque les étapes de son existence, sign ale «son être au monde». Dans la troisième partie, c’est la parole de la femme qui est prise en compte. Oscillant entre l’excèset le manque, l’héroïne romanesque apparaît généralement dépossédée d’une parole efficace, lui garantissant une emprise sur sonhistoire. Mais la femme réelle vient combler, en partie, cette inaptitude. Exhibant un rayonnement langagier dans l’espace privi légié d’un salon littéraire, la princesse Mathilde (que les Goncourt on assidûment fréquentée) marque la mémoire historique d’un XIXe siècle sur son retour, où la femme d’une aristocratie «déchue» ne cesse, à sa façon, de régner.