Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)
Publié en avril 1880, le recueil des Soirées de Médan réunit six noms : ceux d’Émile Zola et de ses disciples, Guy de Maupassant, J.-K. Huysmans, Henry Céard, Léon Hennique et Paul Alexis. Une vision commune inspire ces écrivains : manifester leur solidarité intellectuelle pour défendre les principes de la littérature naturaliste. « Ce n’est qu’avec des œuvres que nous nous affirmerons ; les œuvres ferment la bouche des impuissants et décident seules des grands mouvements littéraires », lance Zola à ses amis...
Pour expliquer comment est né ce recueil, cet ouvrage s’efforce de reconstituer le mythe littéraire qui est à son origine. C’est pourquoi il ne limite pas son récit aux seules années 1877-1880, celles du naturalisme triomphant. Mais il choisit de commencer bien plus tôt, en s’ouvrant sur l’exposé de la jeunesse de Zola à Aix-en-Provence. Puis il met en scène, les uns après les autres, tous les épisodes de la bataille naturaliste. Et, après avoir franchi la limite que constitue la mort de Zola, il s’achève en 1930, au moment de la commémoration du cinquantenaire des Soirées de Médan. Il parcourt ainsi plus d’un siècle d’histoire littéraire. En montrant les liens qui unissent les événements entre eux, il retrace les différents épisodes qui ont jalonné cette histoire, des dîners Flaubert à la fondation de l’Académie Goncourt ou à la création du Pèlerinage de Médan. Il évoque des moments de réussite comme des échecs, des périodes d’exaltation comme des affrontements, lorsque quelques disciples rebelles – ceux du Manifeste des Cinq – décident de se révolter contre l’autorité du maître. En somme, il donne à voir, avec ses bonheurs et ses drames, une aventure collective, vécue par des écrivains que réunissait une même croyance dans la capacité de la littérature à représenter le mécanisme des réalités sociales.
En faisant d’Émile Zola la figure centrale de son récit, cet ouvrage entend également présenter l’auteur de L’Assommoir et de Germinal sous un jour nouveau. Il décrit non pas un génie solitaire, enfermé dans son univers personnel, mais un homme qui, depuis sa jeunesse, a souhaité vivre la création littéraire comme une expérience de groupe, en faisant de l’amitié un moteur de l’écriture – sur le modèle du cénacle balzacien des Illusions perdues qui posait entre ses membres l’idéal d’une solidarité sans faille.