Henry James, Théophile Gautier, traduction d'Emmanuel Saussier et Myriam Faten Sfar, préface de Paolo Tortonese, Paris, Manucius, 2011.
Fin connaisseur de la littérature française, qu’il a pratiqué depuis l’enfance, Henry James (1843-1916) a consacré cinq articles à l’œuvre de Théophile Gautier (1811-1872). Le rapport du maître très subtil de la psychologie romanesque fin de siècle à l’auteur du Capitaine Fracasse est surprenant : en principe, les deux écrivains n’ont rien en commun. Mais James est attiré par l’écriture descriptive de Gautier, pas son attention exclusive au monde matériel, par son esthétisme outrancier. S’il est troublé par la manière trop libre dont Gautier aborde la sexualité, et choqué par son indifférence aux problèmes moraux, James est charmé par son écriture « parfaite », par son goût exquis et sûr, par sa « capacité picturale ».