Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle

  •  Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
    CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)

Evenements

14h-16h Maison de la recherche, Salle du Conseil (4 rue des Irlandais) Paris
24
Mai 2022

Poésie, perte de la pensée

Par Laurent Fourcault (professeur émérite de la Sorbonne-Université). 

Le titre de cette communication est emprunté, littéralement, à une page de Chino au jardin de Christian Prigent (P.O.L, 2021), une formule qui prend satiriquement à contre-pied le ”Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée !” d’Alfred de Vigny (”La Maison du berger”).
Il s’agit de la prendre, cette formule, au pied de la lettre. Le poème est considéré, et analysé via quelques exemples, comme un lieu où est proposé, à la place d’une relation rationnelle, conceptuelle, aux êtres et aux choses, un objet autonome où se joue, peu ou prou, une perte de soi, de son identité et de son intégrité individuelles, à la faveur de l’élaboration textuelle – par les moyens et les effets propres du texte – d’une relation fusionnelle avec le monde, en tant qu’il est le réel. On présentera donc une conception réeliste du texte poétique. Le poème est littéralement un corps, un texte traité comme un corps matériel, qui met en œuvre les attributs et les ressources sensuels de la langue. Un corps travaillé de façon telle qu’il s’apparaît à lui-même comme ouvert sur le réel informe – baignant donc dans son sens –, la page blanche fonctionnant toujours alors comme un équivalent textuel/matériel du réel. Mais cette perte-dans-le-blanc-de-la-page est évidemment, au bout du compte, perçue pour ce qu’elle est, à savoir une perte-pour-de-faux. C’est pourquoi, le poème achevé, il ne reste plus à l’auteur – et, à travers lui au lecteur – qu’à recommencer.

Cette séance s'inscrit dans le séminaire de recherche Poésie et pensée. Descriptif et programme complet en suivant ce lien