Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)
Séance du séminaire de recherche Poésie et pensée.
Conférence de Pierre Loubier (Université de Poitiers).
Résumé
Dans ses Poèmes en prose (1912) Fargue évoque souvent des atmosphères urbaines qui sont à leur façon un miroir du sujet. La traversée de l’espace sensible s’opère avec une méticulosité mélancolique qui s’apparente à une quête feutrée, voire à une méditation d’ordre musical. Cette musique, « homogène au flux de la vie et de la pensée », selon la formule de Wittgenstein que Jean-François Puff mobilise précisément à propos de Fargue relève d’un style pianistique. Le poète et le pianiste, écrit même Jean-François Puff, ont « la même capacité à tenir ensemble les contraires de la clarté articulée et de la résonance harmonique ». C’est au développement de cette judicieuse intuition que souhaite s’attacher mon exposé : la poésie de Fargue pense, et elle pense comme un piano, avec lenteur, dans ses tensions et ses résolutions. Ce que dit la musique, ce sont « certaines grandeurs et valeurs », auxquelles le langage ordinaire peine à accéder. En reprenant son bien à cette musique, Fargue exprime et retient une pensée qui conjugue sensorialité et sensualité, ordre et résonance, poésie et pensée et parvient à « un état animal de l’intelligence ».