Machines, moteurs et deux-roues dans les romans du second XIXe siècle
Séance du séminaire des doctorants du CRP19, organisée par Fatemeh Eslami Moghadam et Marie Portier.
En présence de Yvon Le Scanff (Université Sorbonne Nouvelle).
Fatemeh Eslami Moghadam, "Le machinisme dans les oeuvres de Jules Verne : machine-héros ou héros-machine ?"Pendant la seconde moitié du XIXème siècle, la machine devient le symbole de la modernité et joue un rôle important non seulement dans le mode de vie mais aussi dans les oeuvres littéraires. Le progrès qu’apportent la science et la technologie au monde entier, se manifeste aussi dans les inventions mécaniques plus ou moins fictives. Jules Verne en sa qualité d’écrivain passionné par la science et les machines profite bien du courant de son époque pour parler de ses intérêts dans ses oeuvres. Ses machines inventées, selon leur fonction et leur but, peuvent être divisées en deux groupes « bonnes machines » et « mauvaises machines ». Les machines qui sont présentées dans les oeuvres de Jules Verne ont des qualités et défauts, servent parfois à rendre le monde meilleur ou bien à détruire tout ce qui peut entraver sa marche, ou sont utilisées afin d’instruire ou bien de faire connaitre et découvrir le monde. La machine et son créateur sont deux éléments à la fois inséparables et complémentaires dans les oeuvres de Verne. Est-ce donc plutôt le héros, avec son caractère compliqué, qui symbolise la machine ou à l’inverse est-ce la machine qui trouve sa perfection dans le caractère parfait de son créateur ?
Marie Portier, "Regards croisés sur les deux-roues"Au tournant du siècle, les nouveaux moyens de locomotion que sont la bicyclette, l’automobile et dans une moindre mesure la motocyclette suscitent des débats nourris. Ils transforment le rapport à l’espace tant pour leurs usagers que pour leurs réfractaires, contraints de partager les rues de Paris et les routes de campagne avec les
sportsmen insouciants et la « racaille pressée » (Huysmans). Ces bouleversements liés à la vitesse et à l’agilité s’accompagnent d’une révolution dans les mœurs : on sait, par exemple, que l’émancipation des femmes doit quelque chose à la bicyclette. Le sentiment de progrès ou au contraire de déterritorialisation qui résulte de ces changements explique une forte mobilisation discursive, pour et contre ces véhicules. La presse est le théâtre principal de ces controverses, mais les discours apologétiques et dénigrants essaiment aussi en littérature. Nous aborderons notamment des textes de Georges Clemenceau, Michel Leblanc, Émile Zola, J.-K. Huysmans, Alphonse Allais et Alfred Jarry pour tâcher de comprendre comment le récit se saisit des deux roues et, surtout, ce que les deux roues font au récit. En effet, l’irruption du « véloce » et de sa version motorisée dans le quotidien des Français est à peu près contemporaine de la crise du roman : certains des phénomènes que recouvre cette expression peuvent être associés à l’enjeu de représenter un monde désormais sillonné par les machines, un monde ayant radicalement changé d'allure.
Programme complet du séminaire en suivant
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