Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle

  •  Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
    CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)

Evénements

17h-19h Salle Mezzanine de la Maison de la recherche Paris
5
avril 2020

Usages de la chanson populaire : entre invention et remémoration

6e séance du séminaire des doctorants du CRP19.
Avec la participation de Romain Benini(Université Paris-Sorbonne).

 
Programme

Iliana Kizilos, « Les chansons populaires du Siège de Paris (1870-71) : quelle écriture de l’histoire ? »
Dans la capitale assiégée par les Prussiens, le bruit des canons n’a pas su recouvrir entièrement les chants parisiens composés pour l’occasion : La Défense de Paris, Paris pour un beefsteak, La Bastionnaise, ou encore les Rêves de Wilhelmshohe… Autant de titres qui n’évoquent plus grand-chose pour nous aujourd’hui. Pourtant, les airs et les paroles de ces chansons qui circulaient alors dans les rues ou sur les remparts présentent l’intérêt de donner à lire et à entendre quelques-unes des premières représentations de cet épisode historique, esquissé à chaud. Les formes et thèmes de la chanson populaire, sa liberté de ton ainsi que la variété de ses modes de diffusion amènent des interrogations sur son rôle dans la constitution d’une mémoire collective de l’événement. L’étude attentive d’un corpus de dix-huit de ces chansons diffusées à ce moment-là et prenant pour objet le déroulement même du Siège nous permettra de contribuer à éclairer les modalités d’inscription de la chanson populaire dans le champ de l’écriture de l’histoire.

Eva Le Saux, «Le Figurant, 1904 : de la chansonnette au mouvement social »
En 1904, le très populaire chanteur de café-concert Dranem crée la chansonnette-monologue Le Figurant, écrite par Briollet et Arnould, sur une musique de Briollet et D’Orvict. L’étude de cette chansonnette nous permettra de la faire dialoguer avec d’autres types d’écrits (romans, physiologies…) qui prennent des figurants et des figurantes pour sujets afin de voir ce que la mise en musique ajoute à la narration de cette expérience, et ce qui fait que cette expérience se prête à la mise en chanson. Nous ressaisirons ensuite la chansonnette dans son contexte de production afin de cerner plus précisément le rôle joué par cette chanson au moment de sa création, en 1904, face au public du café-concert l’Eldorado.

Gabrielle Veillet, « Corbière et la chanson, entre objet populaire et modèle poétique »
Dans ses Amours jaunes qu'il publie à compte d'auteur en 1873, Corbière s'attache non pas à chanter, mais bien plutôt à "déchant[er]" ("À Marcelle : la cigale et le poète") : se faisant la chambre d'écho de nombreuses voix, il préfère au mode majeur de la poésie lyrique un mode mineur, fait de polyphonie et de contre-chants ironiques. Si la critique a largement insisté sur le "déchant" propre à son style, je voudrais quant à moi montrer que c'est en faisant de la chanson populaire un matériau sur lequel élaborer le poème autant qu'un modèle poétique à atteindre que Corbière parvient à placer sa voix parmi la multitude d'autres qu'il entend "déchant[er]".


Programme complet du séminaire en suivant ce lien