Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
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Emiliano Cavaliere, « Dynamique(s) de l’ironie dans Le Rouge et le noir »
On a l'habitude de voir dans l'ironie de l'œuvre stendhalienne un trait de style qui caractérise l'auteur, et vice-versa : le plaisir ironique de la philosophie beyliste fait le narrateur stendhalien (J. Starobinski, "Stendhal pseudonyme"), l'invention ironique de Stendhal fait la vérité de Beyle (G. Genette, Figures II). Pour contourner l'impasse du biographisme et aborder ce sujet d'une façon nouvelle, je vais m'intéresser à l'ironie en tant que thème du roman et parole des personnages. Si chez d'autres écrivains réalistes, comme Balzac, le trait d'esprit est socialement connoté et ritualisé, dans Le Rouge il fait l'objet de la Bildung même de Julien Sorel : Bildung aristocrate, qui pourtant permet l'ascension de classe ainsi que l'expression de soi du protagoniste d'origine modeste. Le mouvement, pluriel et magmatique, en est le caractère distinctif : social (marque d'inclusion et d'exclusion), historique (marque d'évolution des moeurs), subjectif (signe de la complexité du moi), le mouvement est figurativement explicité par une série d'activités, telles la danse ou l'escrime, qui servent à polir l'ironiste ou à décrire métaphoriquement son attitude. Chez Stendhal, la condition préalable de la désinvolture d'esprit est une forme physique également harmonieuse, préparée à accueillir l'élan naturel.
Alice Mugierman, « Etude de Bonne-Âme : ambivalences d'une figure de la blague dansLa Faustin(1881) d'Edmond de Goncourt »
Les Goncourt revendiquent souvent l'ambition de rendre les mouvements d'un être sans le figer, de lui conserver la vie, de collecter ses gestes et sa parole. Cette dynamique entre particulièrement en jeu lorsqu'ils créent le personnage d'Anatole-la-Blague dans Manette Salomon(1867). La critique a beaucoup étudié ce personnage fascinant, moins peintre que bonimenteur et amuseur, doué d'une intelligence vive et bouffonne, et héros de la promiscuité. En effet, la question de la blague a toute son importance chez les Goncourt, qui sont à la fois révoltés et fascinés par « cette nouvelle forme de l'esprit français » (MS, ch.VII). Pour ma part, j'essaierai d'intégrer les tensions propres à la blague – dans ses enjeux esthétiques, moraux et politiques – à l'analyse d'un autre personnage qui m'a intriguée. Dans La Faustin(1881), Bonne-Âme, la sœur de l'héroïne, apparaît en force avant de disparaître brusquement, et porte en elle l'hétéroclite, le principe de déception, le cynisme, qui fondent en partie la blague selon les Goncourt.
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