Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle

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Evénements

Altérité(s). Hallucinations au XIXe siècle : approches théoriques

Date : jeudi 15 décembre 2016
Horaire : 17h30-19h30h
Lieu : salle D13, campus Censier


Angelo Careri (Paris 3)
L'hallucination artistique : l'hypothèse de l'ekphrasis.
L'étude des liens entre folie et littérature occupe une place importante dans la recherche littéraire ces dernières années et se cristallise notamment sur la question de l'hallucination artistique. Elle s'est souvent focalisée sur le champ de l'histoire des idées (en liant l'histoire littéraire à l'histoire des sciences à travers le prisme de l'aliénisme naissant), ou sur celui de l'histoire de l'art, en privilégiant le dialogue entre texte et image. Le paradigme de la mystique, au contraire, a pu souvent sembler en retrait mais réapparaît périodiquement. Ces choix hermétiques ont abouti à la constitution progressive de différents corpus et de plusieurs histoires de la "folie littéraire" au XIXe siècle. Après nous être attachés à synthétiser et à comparer ces différentes approches et leurs enjeux, nous nous interrogerons en particulier sur l'approche de Jean-François Chevrier (L'Hallucination artistique, 2002), et sur l'une de ses hypothèses, qui relie le paradigme de l'hallucination à la tradition de l'ekphrasis.

Sihem Gouny (Paris 3)
Désarticulation des sciences et de la vérité : le cas des hallucinations chez Villiers.
L'apparition du terme "hallucination" sur la scène médicale de la première moitié du XIXe siècle amorce un intense débat dans les lettres et les sciences, et son utilisation est rarement dénuée d'un caractère idéologique. Villiers de l'Isle-Adam, dans ses agencements spirituels, sa ferveur fantastique ou son idéalisme radical, fait partie de ceux qui refusent la réduction pathologique de ce phénomène. La question du degré de matérialité des hallucinations est soumise à la préoccupation de faire apparaître, de démontrer l'existence de cet autre monde spectral, similaire mais distinct de celui de l'homme de la civilisation moderne. Le travail d'objectivation de l'hallucination de l'artiste peut-il prétendre à la même objectivité que celle de la preuve scientifique ? L'exemple paradigmatique de l'utilisation de ce terme comme justification de l'invisible nous permettra de questionner l'image "hallucinatoire" dans sa relation avec le réel et l'esprit halluciné comme créateur d'une vérité supra-réflexive.

Table ronde
avec Éléonore Reverzy (Paris 3), Paolo Tortonese (Paris 3), Henri Scepi (Paris 3), Sylvie Thorel (Lille 3) et Pierre Wat (Paris 1)