Séance du séminaire du séminaire des doctorants du CRP19, avec la participation de
Jean-Nicolas Illouz.
PrésentationDu
Brouillon général de Novalis aux
Illuminations de Rimbaud, des maximes de Joubert aux morceaux épars de Baudelaire, en passant par le
Livre de Mallarmé, la notion de fragment en littérature traverse le xixe siècle avec une singulière opiniâtreté ; le legs laissé au xxe siècle sera considérable. Cette notion se laisse saisir aussi bien dans la forme des œuvres que dans leur thème et dans leur manière de faire sens. « On a touché au vers », s’exclamait Mallarmé dans sa célèbre et « exquise »
Crise de vers. Forme et genre de rupture, ne serait-ce que par son sens philologique de
ruine, le fragment touche à la littérature elle-même, tous genres confondus, dans des lieux propres à l’élaboration de celle-ci. Sans doute, et c’est tout l’enjeu de cette séance, le fragment constitue-t-il un lieu, aussi immatériel ou virtuel qu’il soit, pour penser la littérature.
Alessio Baldini, « La Vogue et le fragment. Entre rupture et projet esthétique »Avant de devenir elle-même un amas de fragments, tombant aujourd’hui en miettes sous la main des chercheurs et des bibliophiles,
La Vogue manifesta un goût d’exception pour le fragment, durant son existence relativement brève. Des
Illuminations de Rimbaud aux chapitres de roman en genèse, ou encore aux essais critiques tous domaines confondus, la revue de Gustave Kahn contribua à diffuser la « poétique du fragment » (Guyaux, 1985) de la fin-de-siècle française. À l’heure du feuilleton et du grand reportage, nombreux furent les écrits que les pages in-18° jaunes, bleues et roses proposèrent sous cette forme resurgie des cendres du xviiie siècle. Ils acquièrent plus ou moins consciemment une valeur de projet. Au-delà de la voie qu’ils ouvrent aux constellations symbolistes, au-delà de la fin de monde qu’ils annoncent, les fragments de
La Vogue semblent mettre en cause le discours littéraire en son sein. En tout état de cause, ils font de la revue de poésie le réservoir d’une création littéraire au carrefour des langues, des cultures, des savoirs et des âges.
Emiliano Cavaliere, « Quelle poétique du fragment pour Stendhal ? »La critique stendhalienne a souvent associé à l’écrivain une certaine « poétique du fragment », notamment en raison d’un style coupé, parfois sec, avançant par ellipses et allusions. S’il ne fait pas de doute qu’une telle écriture puisse être dite « fragmentaire », il est pourtant difficile d’en saisir concrètement les formes, au-delà de l’intuition idéale, surtout si l’on applique la définition stylistique à toute l’œuvre stendhalienne. Mon exposé visera donc d’une part à faire plus de clarté sur ce qui constitue la poétique beyliste du fragment, d’autre part à en montrer des exemples de réalisation dans
Le Rouge et le Noir – tout comme la fonction qu’ils acquièrent dans la caractérisation du personnage.
Programme complet du séminaire.