Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)
Séminaire des doctorants du CRP19
mercredi 7 avril 2021, de 17h30 à 19h30
en ligne: https://meet.google.com/apb-bkxh-hgp
Envers et revers de la modernité : les personnages veilléitaires
Nicolas GAGNÉ : « Origines et poétique de la représentation du personnage velléitaire chez Zola. »
Marie PORTIER : « Les personnages velléitaires, héros et hérauts des romans naturalistes de Huysmans»
avec la participation d'Olivier Lumbroso
Cette séance sera dédiée à deux écrivains naturalistes, Émile Zola et Joris-Karl Huysmans, et à la place qu’ils donnent dans quelques-uns de leurs romans à des personnages que l’on peut qualifier de velléitaires. Sans surprise, le Grand dictionnaire du XIXe siècle de Pierre Larousse définit la velléité en mauvaise part uniquement, comme une « volonté imparfaite, intention faible et fugitive ; désir passager ». L’époque est tout à la fois marquée par l’idée de progrès et par l’angoisse de la « déterritorialisation », pour reprendre un terme employé par Marc Angenot dans son ouvrage 1889.
Un état du discours social. Le caractère velléitaire est alors perçu avant tout comme un défaut de volonté, assimilé à l’effémination et au gâchis. Même au sein d’un groupe réputé subversif à l’égard de l’idéologie bourgeoise, le cercle de Médan, la productivité et le bon emploi du temps sont considérés comme des vertus cardinales. La représentation des personnages velléitaires est pourtant nuancée dans les romans de Zola et Huysmans. Peut-être faut-il voir là l’influence de Flaubert.
L’Éducation sentimentale, « livre sur rien » considéré par les naturalistes comme un chef-d’oeuvre, a pour héros un velléitaire. Frédéric Moreau subit certes l’ironie flaubertienne, mais pas autant que son ami Deslauriers dont le « désir » de parvenir est rien moins que « passager ». La modernité de L’Éducation sentimentale doit beaucoup au fait qu’un personnage si peu héroïque parce que velléitaire y joue un rôle de premier plan. L’incidence de ce fait sur la structure et l’anthropologie du roman est considérable. C’est aussi le cas des oeuvres que nous aborderons durant cette séance.
Nous soulèverons les questions suivantes : quel statut et fonctions sont octroyées aux personnages velléitaires chez Zola et Huysmans ? Outre que leur mode d’être, de décider, d’agir est problématique, que problématisent leur versatilité et leur passivité ? Quelles idées sur l’homme et la modernité sont ainsi mises en récit ?