Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
Université Sorbonne Nouvelle : 8, av. de Saint-Mandé, 75012 Paris
CRP19, 17, rue de la Sorbonne, 75005, Paris (bureau F013)
Par Emilie Bauduin, Giulia Mela et Camille Stidler.
Les interventions seront suivies d'une discussion avec Bertrand Marquer (Université de Strasbourg).
Programme
Emilie Bauduin - « Va, ce n’est pas sale. Ça nettoie. » : Repenser la figure de Désirée Mouret à l’aune du rapport entre naturalisme et propreté dans le roman zolien
Dans L’Œuvre (1886), Émile Zola propose un véritable manifeste esthétique en faveur du naturalisme. Ce manifeste est exprimé en des termes qui renvoient à l’un des nombreux « dehors » de la littérature du XIXe siècle, c’est-à-dire à l’essor des préoccupations hygiénistes et à l’importance grandissante, à cette époque, des savoirs entourant la propreté. Cette nature hygiénique du discours esthétique zolien demande à être interrogée, car elle est fondamentale pour appréhender le projet romanesque et social auquel l’écrivain voulait donner naissance par la plume. Lors de intervention, nous montrerons qu’elle permet notamment d’étudier sous un jour nouveau la figure de Désirée Mouret dans le cinquième volume du cycle des Rougon-Macquart, La Faute de l’abbé Mouret (1875). En étudiant l’entreprise de nettoyage fort allégorique de la jeune fille dans ce roman, nous montrerons que celle-ci incarne les questionnements du romancier à l’égard de sa propre entreprise romanesque.
Giulia Mela - « Vénus dans le ruisseau » : dégoût et prostitution dans la littérature naturaliste
À l’heure où le discours réglementariste s’exacerbe et le système de contrôle de la prostitution par la police des mœurs devient la cible de critiques virulentes de la part des abolitionnistes, la fiction de la prostituée connaît un essor remarquable. Des écrivains tels que Huysmans, Zola, Paul Alexis, Maupassant, Paul Adam et Adolphe Tabarant à la fois renversent un imaginaire codifié par la tradition littéraire et donnent une représentation souvent stéréotypée de la contagion vénérienne, de la souillure et du vice, ce qui ne va pas sans ambiguïté. Notre intervention entend revenir sur un chapitre désormais bien connu de l’histoire littéraire, pour comprendre les enjeux esthétiques et politiques de l’émotion du dégoût chez Zola et d’autres écrivains naturalistes.
Camille Stidler - « La vie dans le bruit des organes » : quelques éléments pour une physiologie de la santé dans les Rougon-Macquart d’Émile Zola.
Pourquoi qualifier un personnage de roman de « sain » ? Si les différentes pathologies qui touchent les personnages sont toujours soit nommées, soit décrites dans leurs symptômes, il n’en va pas de même pour un état de santé positif. Celui-ci peut rapidement être assimilé à un état neutre, sans manifestations, voire, sans intérêt romanesque ; il ne mériterait pas d’être signalé. D’après la célèbre formule du docteur Leriche, « la santé, c’est la vie dans le silence des organes. » Or, force est de constater que la santé des personnages zoliens - prise dans son acception positive - est loin de se réduire à ce silence harmonieux. Dans les Rougon-Macquart, cette santé se manifeste de façon éclatante, et n’est pas exempte d’ambiguïté, de déséquilibre, voire de désordre ; c’est cette physiologie qui menace toujours de déborder que nous nous proposerons d’étudier.
Cette séance s'inscrit dans le séminaire Les dehors de la littérature : épistémocritique et interdisciplinarité (séminaire des doctorants du CRP19). Pour la présentation et le programme complet, suivre le lien ici.