Takanobu Adachi
Poétique de la banlieue dans les premiers romans de Zola : de La Confession de Claude à Madeleine Ferat, sous la direction de Olivier Lumbroso
Le terme « banlieue », depuis longtemps stigmatisé en français, n’est pas toujours connoté négativement dans la culture parisienne du XIXesiècle. Un tournant historique a lieu dans la perception du terme au cours des années 1860, période où la petite banlieue est annexée et où l’urbanisation haussmannienne transforme la capitale. Si les écrivains romantiques se contentent d’une division entre la ville (notamment Paris) et la campagne, Zola remet en doute cette dichotomie spatiale en décrivant la banlieue, zone intermédiaire et ambiguë. À la taxinomie traditionnelle – qui reflète la polarité est-ouest (ouvrier-bourgeois), laquelle se combine à une polarité nord-sud (Ville-Université) —, nous proposons d’adjoindre un principe concentrique basé sur les notions de ville, faubourg, petite et grande banlieue. La lecture de Germinie Lacerteux (1865) des Goncourt permet à Zola de découvrir dans la banlieue un attrait différent de celui des faubourgs misérables et de la campagne idyllique ; dès lors, l’écrivain développera sa poétique de la banlieue dans ses premiers romans, de La Confession de Claude, Madeleine Férat (1868), en passant par Le Vœu d’une morte (1866) et Thérèse Raquin (1867). En recourant à diverses approches – historique, biographique et de sémiotique urbaine –, nous tenterons de montrer le caractère ambigu, polysémique et fécond de la banlieue zolienne. Nous souhaitons insister sur la force motrice que la quête d’une poétique de la banlieue exerce sur son écriture : c’est en effet par elle que Zola se dégage de la vision romantique, s’arrime au projet réaliste et se lance dans la création d’une nouvelle esthétique, le naturalisme.