Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
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De l’Histoire à la fiction : les écrivains français et l’affaire Dreyfus, sous la direction d’Alain Pagès. Thèse soutenue le 8 janvier 2010.
En s’engageant massivement dans l’affaire Dreyfus, les écrivains n’ont pas seulement redéfini les formes de l’engagement, ils ont aussi mis leur plume au service d’une cause politique. Des articles écrits au cœur de la polémique aux romans inspirés de l’affaire, l’affaire Dreyfus est donc devenue un objet littéraire, interrogeant la frontière et les relations entre l’Histoire et la fiction. L’affaire Dreyfus a tout d’abord été une prise de conscience collective construite autour d’un discours idéologique sous-jacent. Les années qui ont précédé l’affaire ont été marquées par la genèse de cette bataille littéraire : la mise en place des discours idéologiques qui allaient s’affronter, l’émergence des formes de la mobilisation collective qui allaient servir au mouvement des intellectuels ont créé le terrain sur lequel l’affaire Dreyfus a eu lieu. Au cœur des événements, ce sont essentiellement les témoignages privés qui révèlent l’impact de l’affaire dans le milieu des écrivains : un mouvement qui a bouleversé la société littéraire jusque dans ses cercles intimes, dont la force de mobilisation ne laissait que peu de place aux voix dissidentes. La dimension collective de cette mobilisation a par ailleurs directement influencé le texte de l’affaire Dreyfus : dessinant entre les discours polémiques un intertexte à la fois idéologique et stylistique, les écrivains ont construit au croisement de leurs articles de combat une rhétorique dreyfusarde. Prolongeant cette vision littéraire collective, les œuvres de fiction ont donné une postérité littéraire à l’affaire Dreyfus au confluent des différents regards et sensibilités des écrivains