Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle
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Renée Vivien, une poétique sous influence?, sous la direction d'Henri Scepi, soutenue le 2 décembre 2021.
L’objectif de cette thèse est double. Il s’agit de travailler dans le détail stylistique la richesse de l’oeuvre de Renée Vivien, et de la replacer dans une historicité littéraire. L’angle des influences littéraires et artistiques, avec lesquelles Vivien entretient un rapport complexe et singulier, permet de réunir ces deux pans d’analyse. Érudite, consciente du poids de son héritage, Renée Vivien fonde une part importante de l’originalité de sa poétique sur une subversion – par la réécriture, le retournement, le déplacement de focalisation – des imageries et des codes traditionnels du féminin. Mettre la féminité au coeur du processus d’écriture permet ainsi l’émergence d’un regard neuf et original, mais se présente avant tout comme un obstacle : comment fonder une poésie en quête d’un féminin libéré des stéréotypes à partir d’un intertexte et de standards masculins ? Comment écrire une poésie saphique décadente dont la finalité est d’exalter la sororité et l’harmonie ? L’oeuvre de Vivien est caractérisée par un paradoxe inhérent : la tentative d’émancipation littéraire y est toujours partielle, et le sujet poétique qui en découle toujours déchiré et contradictoire. L’étude de la posture de la poétesse vis-à-vis de ses influences permet de mettre en lumière la tension centrale qui anime son oeuvre : hantée par l’image de l’Être Double, sa poétique est hybride et exalte conjointement l’apaisement et la douleur, l’union et la discorde, l’harmonie féminine et l’altérité incompréhensible de l’amante.