Essai d'épistémocritique vernienne : le personnage et ses savoirs, sous la direction d'Yvon Le Scanff (Sorbonne Nouvelle). Thèse soutenue le 16 décembre 2025

Dans cette étude, l’œuvre de Jules Verne est choisie comme un terrain privilégié pour analyser la transformation de la science en savoir littéraire. Ses Voyages extraordinaires ne se contentent pas de vulgariser la science; ils la mettent en fiction, la dramatisent, la problématisent à travers des figures emblématiques comme le savant, l’ingénieur ou l’inventeur. Ce travail propose une approche épistémocritique, qui examine la présence, le but du traitement de la science et la manière dont les savoirs scientifiques sont mis en récit dans la fiction. Nous poserons ainsi la question suivante : comment la littérature produit-elle du savoir, et que devient la science lorsqu’elle est prise en charge par la fiction ? Loin d’un simple roman éducatif, Verne construit un univers romanesque où la science est toujours incarnée dans des personnages complexes. Dans cette perspective, la figure du personnage devient centrale; il est non seulement porteur de connaissances, mais aussi opérateur de fiction romanesque. Le savant n’est pas qu’un vecteur d’information ; il devient un personnage poétique, un type, un mythe, une personne, une mètis. Nous proposons ainsi une lecture épistémopoétique de l’œuvre de Verne, en croisant savoir et les éléments romanesques. Le corpus retenu, composé de romans emblématiques comme Vingt mille lieues sous les mers, L’île mystérieuse, De la Terre à la Lune, Autour de la Lune, Robur le Conquérant, Maître du Monde, Voyage au centre de la Terre, Le Rayon Vert, Une fantaisie du Docteur Ox, permet d’observer comment la science, une fois intégrée à la narration, se transforme en savoir scientifique, littéraire, poétique, politique, critique et idéologique. En analysant la façon dont les personnages construisent le savoir, cette étude cherche à montrer comment la fiction vernienne devient un laboratoire où la science vit un parcours romanesque.